Opération méduses
 

La méduse qui ne savait pas nager Par Anne Bay-Nouailhat le 03 decembre 2012

La lucernaire à bouton est un animal bien étrange. Mi-anémone, mi-méduse, elle passe la plupart du temps inaperçue, se confondant avec l'algue sur laquelle elle vit fixée

Et pourtant, elle a une silhouette bien particulière avec son calice dressé au sommet d'une fine colonne, évoquant une fleur s'épanouissant au bout de sa tige. Le calice s'ouvre et se ferme à volonté. Lorsqu'il est bien déployé, on aperçoit nettement huit rayons le long desquels se développent les nombreuses petites billes que sont les gonades. Ces rayons sont réunis entre eux par une fine membrane et leur extrémité se termine par un "pompon" de courts tentacules. Ainsi ouverte, on pourrait croire avoir affaire à un petit poulpe!

Il existe actuellement dans le monde une cinquantaine d'espèce de ces petits animaux dont la taille ne dépasse généralement pas les 4 cm de haut. La plupart se rencontrent à faible profondeur et généralement dans les eaux froides à tempérées de l'hémisphère nord. Quelques rares espèces sont tropicales et l'on a même découvert récemment une petite poignée d'espèces abyssales.

Elles sont baptisées Stauromedusae, du grec stauro- croix, en référence au dessin formé par les rayons sur le calice.

La lucernaire à bouton appartient au grand groupe des cnidaires, qui réunit les coraux, les gorgones, les anémones et les méduses car, comme eux, elle possède des cellules urticantes. C'est le biologiste allemand Haeckel qui, en 1879, après avoir étudié leur anatomie interne, les rapproche des méduses. Il crée alors pour ces espèces un groupe particulier parmi celui des méduses, qu'il baptise les Stauromedusae, du grec stauro- croix, en référence au dessin formé par les rayons sur le calice.

La lucernaire à  boutons La lucernaire à boutons

On a longtemps pensé que les stauroméduses étaient, dans l'échelle de l'évolution, les ancêtres des méduses, le chaînon entre la forme fixée et la forme libre des Cnidaires. Mais des études récentes ont révélé des différences qui réfutent cette hypothèse et font désormais de ces "méduses qui ne savent pas nager" un groupe distinct de celui des vraies méduses.

Anne Bay-Nouailhat